Dans le cadre du projet européen LIFE BIODIV’OM, la mission de la Réserve naturelle de Saint-Martin est de s’intéresser à la conservation du mérou de Nassau et du mérou géant, deux espèces mondialement menacées. Aude Berger - diplômée en sciences et techniques de la mer et titulaire d’une licence professionnelle en protection de l’environnement à l’UAG - a été tout spécialement recrutée en janvier 2019 par la Réserve pour mener ce projet à bien, sur 5 ans. En compagnie de Julien Chalifour, en charge du pôle scientifique de la Réserve, elle a été formée en début d’année aux outils TESSA permettant de mesurer les différents impacts infligés au milieu naturel et leurs conséquences sur les services qu’il rend. Plus récemment, du 24 au 28 juin, les deux scientifiques ont bénéficié d’une formation dispensée par deux professeurs du Centre Resource Management and Environmental Studies (CERMES) de l’université de la Barbade et n’ignorent plus rien de la méthode SocMon, pour «sociomonitoring ». Initialement créée pour les écosystèmes côtiers marins, la méthode a été adaptée aux deux mérous ciblés par le programme LIFE, afin d’appréhender les enjeux liés à ces deux espèces, dont les aspects économiques, l’objectif étant la restauration des populations de ces deux poissons. Pour cela, il va être nécessaire d’acquérir une vue d’ensemble de l’historique de ces espèces, ainsi que la connaissance de leurs usages, afin d’identifier les points de blocage pouvant survenir dans la mise en oeuvre d’une gestion durable et concertée. Ensuite, du 10 au 12 juillet, un troisième professeur du CERMES leur a donné les outils pour mener à bien l’enquête prévue sur le terrain, notamment par le biais d’un questionnaire destiné à faciliter la compréhension des enjeux liés aux mérous pour la population de Saint-Martin.
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Favoriser la conservation des récifs coralliens et des espèces associées
Sachant que 90% des larves de poissons, et donc de mérous, meurent lors de la dispersion de ces dernières dans les courants océaniques, la récupération des post-larves et leur élevage constituent un moyen efficace d’augmenter le nombre d’individus. Mais plusieurs questions se posent. Comment recueillir ces tout petits poissons ? À quelle période ? À quel endroit ? En quelle quantité? Et comment les reconnaître ? C’est pour apporter la meilleure réponse à toutes ces interrogations que l’entreprise Écocéan a formé l’équipe de la Réserve naturelle à l’étude du recrutement larvaire, dans le cadre du programme LIFE. Le 3 octobre et les jours suivants, des dispositifs lumineux d’échantillonnage ont été déployés en mer afin de recueillir les larves entraînées par le courant et essaimant l’espace marin où elles se transforment en post-larves, prêtes à coloniser les fonds côtiers. L’opération a dû se dérouler de nuit, ces minuscules animaux étant attirés par la lumière. Cette opération va régulièrement être mise en place sur une durée de deux ans, afin de cibler le meilleur moment pour récupérer les larves de mérous. Une fois la technique de recrutement maîtrisée, les larves seront élevées en aquarium jusqu’à ce qu’elles atteignent une taille suffisante pour retourner à leur milieu naturel et leur permettre d’avoir de meilleures chances de survie.
An intern at the Réserve Naturelle from August 15-30, Colette Buisson was a student at the Institut Intechmer of Cherbourg (CNAM), where for three years she trained in engineering techniques for marine environments, and where she successful completed her program. While at the Réserve, she participated in the implantation of the second BioHab2 artificial habitat, not far from Anse Marcel within the perimeter of the Réserve Naturelle, and to study the colonization of these under-water habitats. Encouraged by Julien Chalifour, the young woman decided to enroll for a master’s degree at the University of Corsica.
La Réserve Naturelle est à la recherche de bénévoles pour répondre à un questionnaire dédié à une enquête sur la présence de certaines espèces de poissons à Saint-Martin. Si vous êtes intéressez à participer, n’hésitez pas à contacter Aude, reservenat.aude@yahoo.com, 06 90 47 02 13.
Favoriser la conservation des herbiers de phanérogames marines et des espèces associées
Depuis 2007, la Réserve naturelle poursuit son suivi scientifique annuel des récifs et herbiers, qui s’est déroulé cette année du 9 au 12 septembre, avec le concours d’un garde de la Réserve guadeloupéenne de Petite-Terre. Il était venu aider l’équipe de Saint-Martin à documenter l’évolution de l’état des communautés coraliennes et d’herbiers, sur les stations de récifs et d’herbiers habituelles, dans et hors de la Réserve. Comme à l’habitude, ce compagnonnage verra l’équipe de Saint-Martin porter main-forte à Saint-Barth et à Petite- Terre dans les mêmes conditions. Cette année, ce suivi pérenne a été complété par un suivi des mérous, dans le cadre du programme LIFE, sur quatre des huit sites visités. Ces sites feront l’objet d’un suivi bi-annuel pendant toute la durée du programme LIFE, soit jusqu’en 2023.
Favoriser la conservation des populations de tortues marines
Les bénévoles du réseau tortues marines remplissent avec régularité leur mission solitaire, qui est de relever les traces de tortues venues pondre sur les plages et de repérer les éventuelles signes de nidification. Afin de les rencontrer et leur faire découvrir les actions de la Réserve, mais aussi les aider à se perfectionner dans la lecture des traces, Aude Berger, du pôle scientifique de la Réserve, les a invités à Tintamare, sur les plages de baie Blanche et du lagon. Deux fois par semaine, en août et septembre, un ou deux de ces bénévoles ont répondu présent et ont apprécié ce moment privilégié, en pleine nature et en compagnie de nos experts scientifiques. Formation des bénévoles du réseau tortues Réserve Naturelle SAINT MARTIN Favoriser la conservation des populations de tortues marines - To promote the conservation of the sea turtle population Rencontre avec les bénévoles
Outre le fait que les constructions en haut de plage empêchent le développement de la végétation d’arrière plage et favorisent l’érosion littorale, contribuant ainsi à la disparition des plages, elles représentent un obstacle à la ponte des tortues marines. Le 15 septembre, sur le chantier de construction d’un mur entre une villa et la plage de Baie Rouge, des ouvriers ont secouru une tortue tombée à pic dans la profonde tranchée creusée pour les fondations de ce mur. Les caméras de surveillance ont enregistré la vidéo de cet événement, où l’on voit la tortue prise au piège et dans l’incapacité de remonter par ses propres moyens. On voit ensuite les hommes l’assister pour s’extraire – avec difficulté – vers la plage. La Réserve naturelle profite de cet évènement pour rappeler que toutes les tortues marines, ainsi que leurs habitats essentiels (zones d’alimentation et de reproduction) sont protégés sur le territoire nationale, dans le but de préserver ces populations fragilisées par l’Homme. Ces espèces et habitats font partie de notre patrimoine commun et sont l’un des moteurs de l’activité économique de notre île.
Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations de mammifères marins
Le 2 août, grâce au signalement fait par le personnel de la Marina Fort Louis et d’usagers de la mer, la Réserve naturelle a tenté de porter secours à un jeune dauphin en détresse, blessé au museau et désorienté. Déjà signalé la veille en baie de Grand-Case, très affaibli et amaigri, le petit mammifère marin qui n’était pas encore sevré est mort pendant son auscultation par le docteur vétérinaire Michel Vély. L’animal avait été pris en charge selon le protocole «mammifères marins en détresse» établi par le réseau national d’échouages, dont fait partie l’équipe de la réserve. Ce petit individu a été conservé en vue de son autopsie, laquelle fera également l’objet d’une formation dans le cadre du sanctuaire Agoa.
Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations d’oiseaux marins nicheurs
Accueillie en stage par la Réserve naturelle du 18 février au 16 août 2019, Camille Sanchez a depuis passé sa soutenance et obtenu son master II à l’université Paul Sabatier de Toulouse. L’étudiante a contribué à collecter les données sur les oiseaux limicoles fréquentant les étangs de Saint-Martin et a saisi ces dernières sur la base eBird, où est exploitée l’ensemble des données collectées depuis 2011 dans le cadre du suivi des limicoles. Dans l’esprit du programme MAB de l’UNESCO qu’elle avait choisi, qui insiste sur la connaissance des interactions entre les activités humaines et les systèmes écologiques pour une gestion durable des ressources naturelles, elle a réalisé une enquête de perception auprès des résidents et des touristes, sur le terrain. L’idée était d’évaluer les connaissances de ces publics sur l’existence des étangs, les populations de limicoles les fréquentant et la gestion de ces espaces et de ces espèces. Après un stage couronné de succès, Camille est actuellement à la recherche d’un emploi, mais pourrait bien prolonger son parcours universitaire en entamant une thèse.
Maintenir ou améliorer l’état écologique des étangs
La Réserve naturelle a obtenu l’autorisation de la Collectivité pour la mise en place d’une pépinière de palétuviers sur un terrain mis provisoirement à la disposition de la Réserve naturelle par le Conservatoire du littoral, à proximité de l’étang des Salines d’Orient. L’objectif est de replanter 100 000 pousses de palétuvier dans les étangs dont la mangrove a été décimée par le cyclone Irma, grâce notamment à un financement du Rotary Club. L’équipe a récupéré des graines, des gousses et des plantules sur le terrain - de palétuviers, mais aussi d’autres plantes - et les fait pousser jour après jour, dans les locaux dont elle dispose à l’Anse Marcel. Les pousses sont placées dans des pots biodégradables en fibre de canne à sucre, qu’il suffira d’enfouir dans la vase des étangs pour qu’elles se développent. La construction d’une structure en bois destinée à apporter de l’ombre aux plantules est prévue, avant de déplacer toutes les pousses sur la nouvelle parcelle. Le Rotaryclub de Saint-Martin finance le projet à hauteur de 50%, pour un coût total estimé à 48 500 €. Delma Maduro, gouverneure du district régional du Rotary International a visité le site de la nursery le 21 octobre dernier, en compagnie de membres du club local, et s’est déclarée enthousiasmée par le projet après avoir entendu les explications fournies par l’équipe. La pose d’un panneau sur les lieux a officialisé le projet, conforme au guide méthodologique de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)
Favoriser la conservation de la végétation xérophile
La conservation de la végétation xérophile fait partie des objectifs à long terme du plan de gestion de la Réserve naturelle. Dans ce cadre, le pôle scientifique a mis en place un programme d’identification de la flore sur les îlets de Caye Verte, Petite Clé, Pinel et Tintamare. Financée par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), cette opération s’est déroulée du 15 au 19 juillet, puis du 5 au 8 août 2019, avec la participation de Jonathan Migeot, docteur en botanique tropicale affilié à ImpactMer en Martinique, ainsi que de Karl Questel et Jonas Hochart, tous deux gardes à l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barth. Quatre ilets ont été investigués et des surfaces témoins ont été délimitées et balisées, à l’intérieur desquelles le nombre d’individus et la taille de chacun par espèces ont été listés. Ce travail permettra de suivre la reconstitution de la flore des îlets au fil du temps. Ces missions se sont soldées par une note technique et un rapport détaillé sera fourni en début d’année prochaine, qui intégrera notamment des préconisations pour accompagner la convalescence de ces milieux impactés. Dès à présent, on sait qu’il existe d’importantes différences en nombre et types d’espèces entre les quatre sites, mais aussi que la présence de cabris et d’iguanes verts a un impact négatif important sur la végétation, en limitant la reproduction des espèces et particulièrement de certains arbres. Également, en se basant sur l’inventaire floristique réalisé en 2016 par Caroline Fleury et Karl Questel, il va être possible d’évaluer les conséquences de l’ouragan Irma sur les espèces végétales dans la Réserve.
Veiller au respect de la réglementation et à une pratique des activités humaines compatible avec les objectifs de la Réserve
L’équipe de la Réserve naturelle a reçu Stéphan Basso, le nouveau commandant de gendarmerie arrivé sur l’île le 1er août, en remplacement de Sébastien Manzoni. Le chef d’escadron s’est intéressé aux différentes missions assignées aux gardes et a assuré la Réserve qu’elle pouvait compter sur le soutien de la gendarmerie, notamment pour l’identification des contrevenants. Il a également invité la Réserve à être présente lors de l’accueil du prochain peloton de gendarmes mobiles, le 6 novembre prochain, mais aussi à s’exprimer pendant une trentaine de minutes à cette occasion, afin d’informer ces nouveaux arrivants des problématiques rencontrées sur les espaces classés en réserve naturelle de Saint-Martin.
Depuis le 23 septembre 2019, la Réserve naturelle de Saint-Martin assiste une fois par mois à la réunion de police hebdomadaire qui se tient en préfecture, à la demande de la préfète Sylvie Feucher. Le bilan de l’activité police de la Réserve y a été présenté. À cette date et depuis le début de l’année, le pôle avait procédé à 60 contrôles en mer conformes et 8 non conformes, ainsi qu’à 237 contrôles à terre conformes et 17 non conformes. Il s’agit en général de petites infractions à la réglementation, comme un mouillage de bateau dans l’herbier, la circulation en quad, la divagation de chiens ou la pratique du kite surf au Galion.
La Réserve naturelle s’étant constituée partie civile dans une affaire de pêche illégale, Franck Roncuzzi, en charge du pôle technique et police de la nature, l’a représentée en tant que personne morale. L’affaire remonte au 14 mai 2019, lorsque qu’une patrouille de gendarmerie repère un pêcheur sur la plage de Grandes Cayes, en pleine réserve naturelle. À l’intérieur de son véhicule, deux langoustes, une cigale de mer, deux poissons et un fusil sous-marin sont saisis. Jugé pour pêche maritime dans une zone interdite et pêche de loisir sans signaler sa présence par une bouée, deux infractions passibles de 9000 et 1500 euros d’amende, le pêcheur a été condamné à 500 et 250 euros d’amende. Il a également été condamné à verser 2500 euros de dommages et intérêts à la Réserve naturelle. 2500€ de dommages et intérêts en faveur de la Réserve naturelle
Assurer les missions de communication, de sensibilisation et d’éducation à l’environnement
La poursuite des actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement est l’une des priorités du plan de gestion de la Réserve naturelle, qui intensifie ses interventions pédagogiques en milieu scolaire depuis le recrutement de Vincent Oliva, garde responsable pédagogique à la Réserve et chargé de mission éducation à l’environnement. Créé par la Réserve, le projet pédagogique «Ensemble protégeons la nature» s’inscrit tout naturellement dans les objectifs de la cellule Éducation au développement durable mise en place par le ministère de l’Éducation et répercutée par le rectorat dans les Îles du Nord. Vincent Oliva et Aude Berger ont rencontré Stéphanie Brouwers, déléguée à l’éducation au développement durable au rectorat, afin de lui faire part de leur volonté d’intervenir dans les établissements scolaires, notamment pour Aude Berger au sujet du projet LIFE concernant la préservation du mérou de Nassau et du mérou géant. Le rectorat a ainsi validé le projet «Ensemble protégeons la nature», présenté à tous les chefs d’établissement le 15 octobre, en présence de la Réserve naturelle, qui a exposé ce qu’elle souhaitait mettre en place. Les enseignants ont le choix des thèmes qu’ils souhaitent développer dans leurs classes, entre la biodiversité, la faune, la flore, les écosystèmes marins, le patrimoine naturel et la préservation des mérous. Des interventions sur le terrain sont prévues, à terre et en mer. Des actions bien concrètes pourront être menées, comme le suivi de la pépinière de palétuviers destinée à repeupler la mangrove. Des conventions ont déjà été signées, avec l’école Clair Saint-Maximin (avec un CM1 et un CM2 qui gèrent leur propre aire marine éducative au Galion), le collège de Quartier d’Orléans, le collège Soualiga, le lycée Robert Weinum et le lycée professionnel des Iles du Nord. Deux écoles privées, l’école Lamartine et Happy School, ont également signé leur convention, et d’autres signatures sont prévues. «Notre volonté est d’intervenir dans tous les établissements de l’île,» considère Vincent.
Pour toute information, contactez Vincent Oliva par email : reservenat.vincent@yahoo.com
En juillet et en août, l’équipe des gardes de la Réserve naturelle, avec l’aide de trois scouts, ont terminé le nettoyage post-Irma des îlets de Tintamare, de Caye Verte et de Pinel, du sentier des Froussards et des étangs. Ces scouts, originaires de la paroisse Saint- Georges du Mans, étaient présents à Saint- Martin du 8 au 26 juillet, dans le cadre des compagnons scouts, appelés à effectuer un voyage humanitaire hors de France métropolitaine. Âgés de 18 à 19 ans, Louis Bourdin, Camille de Labbey et Simon Avon ont rempli 126 grands sacs poubelles de petits déchets et participé à l’enlèvement de déchets lourds. Le 25 juillet, ils ont reçu l’aide de 14 jeunes en formation de gestion de la déchetterie.
Améliorer les connaissances sur le patrimoine naturel et le fonctionnement des écosystèmes
Le 30 juillet 2019, Julien Chalifour a participé à un atelier technique organisé par la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM), dans le cadre du projet européen «Forward». Ce projet, lancé en février 2019 et doté d’un budget de 1,3 M€, a pour objectif d’identifier les acteurs de la recherche et de l’innovation dans les neuf régions ultrapériphériques de l’Union européenne et de faciliter leur travail et leurs échanges. À Saint-Martin, l’idée est de créer des synergies entre les forces vives du territoire sur le plan économique, afin de dynamiser les initiatives locales, qu’elles concernent le numérique, les services ou la valorisation du patrimoine. La Réserve contribue donc à ce projet en mettant ses connaissances et compétences dans le domaine de la conservation du patrimoine naturel vivant.
Renforcer l’ancrage territorial et régional de la Réserve
À la demande de l’Office national des forêts (ONF), la Réserve naturelle de Saint- Martin a dispensé une formation aux autres membres du réseau tortues marines de Guadeloupe. Cette formation s’est tenue au cours d’une journée à la Maison de la mangrove, aux Abymes, puis sur le terrain en une demi-journée, sur la plage de Cluny à Sainte-Rose. Les candidats à cette formation ont été familiarisés aux outils pédagogiques existants – posters, panneaux, silhouettes grandeur nature, jeux… – et aux techniques d’animation les plus efficaces.