Une mission dans l’intérêt des oiseaux
Si les oiseaux fréquentant la réserve naturelle sont
bien connus et que certaines espèces bénéficient
d’un suivi scientifique régulier, il n’en va pas de
même sur le reste du territoire. C’est pour pallier cette
carence que Vincent Lemoine, naturaliste passionné
d’ornithologie, jumelles aux yeux, a sillonné toute
la partie française. Missionné par la LPO dans le
cadre du LIFE BIODIV’OM pour mettre en oeuvre
l’action ZICO (Zone d’intérêt pour la protection des
oiseaux), son but était de cartographier les espèces
présentes sur l’île, en commençant par faire un état
des lieux. Ainsi, il a exploré plus de 130 sites du 1er
novembre 2022 au 28 février 2023 et a pu constater
une belle diversité générale, tant sur les étangs que
dans les hauteurs du Pic Paradis ou sur les côtes
et a observé 94 espèces d’oiseaux. Il attribue une
mention spéciale aux migrateurs, avec un minimum
de 170 sarcelles à ailes bleues sur un seul site et l’observation
de 8 espèces de parulines migratrices. Les
limicoles - bécasseaux, chevaliers, gravelots...- sont
bien là, avec notamment la présence d’un groupe
de 200 échasses, regroupées sur un seul petit coin
d’étang. Les pailles-en-queue ont entre autres élu
domicile sur la falaise des Oiseaux, bien-nommée,
où au moins 3 nids ont été repérés et 15 individus
observés. Il a remarqué plusieurs différences entre
le patrimoine ornithologique de Saint-Martin et celui
de la Guadeloupe. Par exemple, si les les 3 espèces
endémiques des Petites Antilles - le moqueur grivotte
et le colibri madère et la colombe à croissant (présente
également à Puerto Rico) - vivent bien à Saint-Martin,
elles y sont très peu représentées, même rares pour
les deux dernières et l’île ne possède aucune espèce
endémique propre à elle. En revanche, certainement
grâce à une activité réduite, les espèces chassées
sont peut-être plus nombreuses qu’en Guadeloupe.
Quant aux migrateurs venus d’Amérique du Nord,
leurs populations sont plus nombreuses que dans
les îles plus au Sud, compte-tenu de la plus grande
proximité de Saint-Martin avec le nouveau continent.
Les espèces communes, comme le sporophile
cici, le sucrier à ventre jaune, la tourterelle à queue
carrée et la colombe à queue noire, sont partout.
Mais aussi les espèces introduites, parmi lesquelles
la tourterelle turque et le moineau domestique, ainsi
qu’un nouveau venu, le pigeon jounud. Le souhait
essentiel pour cet ornithologue serait, en dehors
des sites déjà protégés de la réserve naturelle, de
renforcer la protection des oiseaux en désignant
les sites les plus importants pour leur conservation,
comme le Pic Paradis ou la falaise des Oiseaux.