Améliorer les connaissances sur le patrimoine naturel et le fonctionnement des écosystèmes

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Améliorer les connaissances sur le patrimoine naturel et le fonctionnement des écosystèmes

Singe vert | Green monkey
Singe vert | Green monkey

Action IP5 : Actions de gestion des espèces exotiques envahissantes

Action PA6 : Mettre en oeuvre des actions de gestion sur les espèces exotiques envahissantes ou leurs impacts

Entre janvier et novembre 2023, la Sint Maarten Nature Foundation a initié les premières actions de contrôle de la population de singes verts à Sint Maarten, un enjeu écologique pressant. En installant 14 pièges, 108 de ces primates ont été capturés et, selon un protocole strict, euthanasiés par des vétérinaires qualifiés. Cette opération répond au constat de la hausse incontrôlée de la population de ces animaux, qui perturbe le quotidien des habitants, menace les cultures et la biodiversité endémique de l’île. Elle s’inscrit dans la décision du gouvernement de Sint Maarten d’atténuer la présence de ces animaux, avec pour objectif d’euthanasier 450 individus d’ici 2025. Les actions se sont concentrées sur des terrains privés, avec le plein accord des propriétaires concernés.

La possibilité de voir évoluer la réglementation concernant cette espèce invasive avait été évoquée en préfecture, selon une démarche similaire. Une seconde réunion s’est tenue le 28 août 2023 à la préfecture, pour aborder plus largement la problématique des espèces exotiques envahissantes. La réunion avait pour but de consolider une stratégie harmonisée à l’échelle de l’ile. Les échanges ont réuni responsables vétérinaires, services de l’Etat – services sanitaires, DEAL, préfecture – Igor Rembotte, chef de projet de la Délégation au cadre de vie à la Collectivité ; Verde, gestionnaire de l’écosite, ainsi qu’Eusebio Richardson, agent de la Sint Maarten Nature Foundation opérateur de la régulation en partie hollandaise.

Cette concertation a débouché sur des visites de terrains à Guana Bay et Cole Bay, destinées à évaluer les défis logistiques et sanitaires. L’ambition ? Perfectionner les opérations, sécuriser les intervenants et la communauté, tout en envisageant des études pour mesurer l’impact de ces régulations sur l’économie, l’écosystème et la santé publique de Saint-Martin.

Le projet est toujours en cours d’évaluation financière. L’objectif est d’affiner le cahier des charges technique, de déterminer le coût total d’intervention, depuis la capture jusqu’à l’élimination des dépouilles, afin d’identifier la solution optimale et de rechercher les financements nécessaires. Néanmoins, le projet suscite des réactions mitigées et des alternatives sont encore à l’étude.

Singe Vert - Green Monkey
Singe Vert - Green Monkey

Action PA6

  • Mettre en oeuvre des actions de gestion sur les espèces domestiques en divagation, les espèces exotiques envahissantes ou leurs impacts.

à Saint-Martin ? Les premiers signalements remontent au bas mot à une vingtaine d’années et ils se multiplient, notamment près des zones urbanisées sur la partie hollandaise de l’île, chez les résidents de Guana Bay, Pointe Blanche et Cole Bay. Le cyclone Irma ayant favorisé leur dissémination, l’on constate maintenant leur présence sur l’ensemble de la partie française : des Terres Basses jusqu’à Anse Marcel. Cette apparente recrudescence n’est pas sans impacter le quotidien des habitants, les cultures ou la biodiversité locale unique. Tant et si bien que la possibilité de voir évoluer la réglementation concernant cette espèce invasive a été évoquée le 18 janvier 2023 à l’occasion d’une rencontre à la préfecture entre la DEAL, la réserve naturelle, la Nature Foundation de Sint Maarten, l’ARS et la collectivité. L’objectif serait de réduire les impacts liés à cette espèce non-native. L’île de Saint-Kitts, envahie par les singes verts, voit depuis plusieurs année son économie agricole durement impactée et a depuis longtemps investi dans diverses actions à différentes échelles, sans avoir réussi à résoudre la question faute d’intervention précoce.

Début 2023, le gouvernement de Sint Maarten a pris la décision d’euthanasier 450 de ces animaux avant 2025 et a missionné la Sint Maarten Nature Foundation pour ce faire. Un salarié dédié a pour mission de construire des cages, de les poser sur des zones identifiées, de les appâter et enfin de transporter l’animal chez un vétérinaire habilité à l’euthanasier.

La réserve naturelle avait évoqué le problème en comité consultatif dès 2015, époque à laquelle les singes verts n’étaient pas aussi présents à Saint-Martin, mais une prise de décision s’impose aujourd’hui. Les espèces invasives sont l’une des premières causes de disparition de la biodiversité mondiale. A ce titre, le gestionnaire a pour mission d’en prévenir l’introduction et de gérer les espèces déjà présentes au sein de la réserve. La Préfecture a sollicité officiellement l’AGRNSM pour intervenir dans la mise en oeuvre d’un plan de régulation de la population de singes verts à Saint-Martin, en cohérence avec la solution déployée à Sint-Maarten. Elle doit contribuer à définir une approche adaptée et estimer les moyens humains et financiers nécessaires à cette lutte, qui seront financés par l’État.

Les singes verts vivent en groupes de 10 à 80 individus, sur un territoire d’environ 2 kilomètres carrés. Un singe
adulte pèse aux alentours de 8 kilos pour 50 centimètres de hauteur et peut vivre jusqu’à 13 ans. La gestation
dure cinq mois et demi et la femelle donne vie à un seul petit par portée. Animal omnivore opportuniste
originaire d’Afrique sub-saharienne, il consomme fruits, légumes, feuilles, insectes, lézards et oeoeufs, selon la
disponibilité des ressources sur son territoire.
Anolis de Saint-Martin © Karl Questel
Anolis de Saint-Martin © Karl Questel

Inventaire de l’herpétofaune

La fin du mois de septembre a été l’occasion pour le bureau d’études ARDOPS Environnement de réaliser une mission d’inventaire de l’herpétofaune (amphibiens et reptiles) à Saint-Martin. Cette mission a contribué à consolider la liste des espèces présentes sur le territoire, à spatialiser les différentes espèces, à préciser leur statut - indigènes ou introduites - mais aussi à identifier les enjeux d’intervention afin de lutter en faveur de la régulation des espèces envahissantes : Iguana iguana, tortue charbonnière, certains lézards - dont des anolis - mais aussi l’ensemble des grenouilles présentes à Saint-Martin, ainsi que certains serpents, parmi lesquels la couresse du banc d’Anguilla, le typhlops et le serpent des blés. L’introduction d’espèces non natives représente l’une des premières causes d’érosion de la biodiversité, de façon plus affirmée dans les territoires insulaires.

Rondeletia anguilensis photographiée aux Terres Basses A species of plants in the Rubiaceae family photographed in the Lowlands
Rondeletia anguilensis photographiée aux Terres Basses A species of plants in the Rubiaceae family photographed in the Lowlands

Belles découvertes aux Terres Basses

Le 2 décembre 2022, en présence de l’expert botaniste portoricain Franklin Axelrod, Julien Chalifour s’est rendu aux Terres Basses pour explorer un terrain encore vierge. Identifié par l’association Bivouac naturaliste lors de son expédition Insularis 1, ce site est reconnu d’intérêt pour les plantes qu’il abrite, mais aussi pour son herpétofaune. Cette visite a permis de constater une très forte diversité en plantes endémiques du banc d’Anguilla ou strictement de Saint-Martin, toutes protégées. Le relief et les formations géologiques observés, unique pour notre ile, laissent à penser qu’ils étaient à l’origine de cette biodiversité, fait confirmé par l’expert géologue Denis Vaslet, lors de son passage à Saint-Martin. Au delà des Melocactus intortus et des orchidées, les deux scientifiques ont pu observer un merisier de Boldingh, Myrcia boldinghii, arbuste endémique et très rare, connu par les spécimens ayant servis à sa description et jamais revu depuis sa découverte en1908. Ils ont également pu localiser une espèce que l’on pensait strictement endémique d’Anguilla : Rondeletia anguilensis. Le pôle scientifique de l’association de gestion de la réserve naturelle (AGRNSM) a rédigé une note technique à l’attention des services de la DEAL et de l’urbanisme de la collectivité, sur l’enjeu de conservation de ces espèces et de cette parcelle. Le diagnostic géologique a non seulement confirmé la nature exceptionnelle des roches et des sols sur cette parcelle, mais surtout son caractère unique à Saint-Martin. On ne trouve ces roches sur aucun autre endroit de l’île, des roches riches en calcaire et une grande rareté de sol, propices au développement des orchidées observées.

Partie remise pour la mission PACO

Début décembre 2022, la réserve naturelle a reçu deux scientifiques spécialistes en coraux, membres de la mission PACO (Potentiel Adaptatif des COraux) en appui à la gestion des récifs coralliens des Antilles françaises et de Mayotte. Leur objectif était de prélever des échantillons de trois espèces de coraux, dont deux espèces protégées, afin d’étudier la diversité génétique et la diversité des conditions de milieux, dans le but d’identifier des prédispositions propres aux individus résistants. La réserve a apporté son soutien logistique - bateau, plongeurs - à cette mission. Cependant, faute d’autorisation administrative pour les deux espèces protégées et du fait des conditions de mer très défavorables, aucun prélèvement n’a pu être effectué. Partie remise !

CCISM

Le 30 juillet 2019, Julien Chalifour a participé à un atelier technique organisé par la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM), dans le cadre du projet européen «Forward». Ce projet, lancé en février 2019 et doté d’un budget de 1,3 M€, a pour objectif d’identifier les acteurs de la recherche et de l’innovation dans les neuf régions ultrapériphériques de l’Union européenne et de faciliter leur travail et leurs échanges. À Saint-Martin, l’idée est de créer des synergies entre les forces vives du territoire sur le plan économique, afin de dynamiser les initiatives locales, qu’elles concernent le numérique, les services ou la valorisation du patrimoine. La Réserve contribue donc à ce projet en mettant ses connaissances et compétences dans le domaine de la conservation du patrimoine naturel vivant.

Colette Buisson
Colette Buisson

Colette Buisson, en stage à la Réserve naturelle du 15 avril au 30 août, a pour mission le déploiement et le suivi de la colonisation des habitats artificiels sous-marins, dans le cadre du projet BioHab2. Étudiante à l’institut Intechmer de Cherbourg (CNAM), elle suit depuis trois ans une formation de cadre technique en génie de l’environnement marin. Afin de parfaire sa mission, elle a récupéré toutes les données des suivis concernant BioHab2, mis en place sur le site de Tintamare, et va participer à l’implantation d’un second habitat artificiel, non loin d’Anse Marcel, toujours dans la Réserve naturelle. Plongeuse certifiée, elle participe également aux autres suivis scientifiques de la Réserve - coraux, herbiers, oiseaux - et rendra son rapport en fin de stage, pour une soutenance à Intechmer en septembre. Ce stage à Saint Martin est l’occasion pour elle d’acquérir une solide expérience professionnelle dans des domaines variés et appliqués en matière de gestion des peuplements végétaux et animaux.

Mérou de Nassau dans un habitat artificiel Nassau grouper in an artificial habitat
Mérou de Nassau dans un habitat artificiel Nassau grouper in an artificial habitat

À Rochefort, au siège de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), du 19 au 23 novembre 2018, Julien Chalifour a participé au séminaire de lancement du LIFE BIODIV’OM, un projet européen visant à protéger cinq espèces mondialement menacées et un habitat prioritaire sur cinq territoires d’Outre-mer. Les cinq espèces menacées sont l’échenilleur de La Réunion - plus connu sous le nom de Tuit-tuit - le crabier blanc à Mayotte, le mérou géant en Guyane et à Saint-Martin, le mérou de Nassau à Saint-Martin et le moqueur gorge blanche en Martinique. La LPO coordonne l’ensemble du projet avec plusieurs contributeurs associés, dont la Réserve naturelle de Saint-Martin, aux côtés du Parc naturel de la Martinique, de la Société d’études ornithologiques de La Réunion, du groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte et enfin du groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane. Les partenaires ont pu se mettre d’accord sur une méthodologie commune de travail et ont découvert les règles de gestion d’un programme LIFE, fixées par le financeur - la commission européenne - ainsi que le suivi des financements associés.

Aude Berger et Julien chalifour en formation Training for Aude Berger and Julien Chalifour
Aude Berger et Julien chalifour en formation Training for Aude Berger and Julien Chalifour

Aude Berger - diplômée en sciences et techniques de la mer et titulaire d’une licence professionnelle en protection de l’environnement à l’UAG a été embauchée en janvier 2019 par la Réserve naturelle en tant que chef de projet LIFE BIODIV’OM. Sa mission va s’intéresser à la conservation du mérou de Nassau et du mérou géant, en gestion concertée. Cela signifie que les pêcheurs, mais aussi les usagers de la mer - pêcheurs, plongeurs, plaisanciers... - ainsi que les autorités locales seront consultées et auront l’opportunité de participer à l’élaboration d’une méthode de conservation. Une étude socio- économique a été lancée et des pêches et plongées exploratoires permettront de décrire le recrutement des jeunes mérous sur les petits fonds côtiers. Également, la sensibilisation des scolaires est au programme, tout comme le partage des expériences avec la communauté scientifique, grâce à leur mise en réseau. À noter : ce projet LIFE rendu possible principalement par des financements européens (60%), mais également nationaux, est le premier dont Saint-Martin bénéficie. Du 9 au 11 janvier, Aude a pu rencontrer Delphine Morin, la coordinatrice du programme LIFE pour la LPO, en mission sur le terrain à Saint-Martin pour le lancement des actions. Puis, du 21 au 23 janvier, elle-même et Julien Chalifour, en charge du pôle scientifique de la Réserve, ont été formés par Florent Bignon et Awatef Abbiah à l’utilisation de TESSA, outil mis en place par la Commission européenne pour mesurer les différents impacts infligés au milieu naturel et leurs conséquences sur les services qu’il rend gratuitement.

De gauche à droite / From left to right : Régis Armengaud, représentant de la DEAL ; Christophe Joe, garde de la RN ; Nicolas Maslach, directeur de la RN ; Ashley Daniel, garde de la RN et Anne-Marie Bouillé, chargée de mission du Conservatoire du littoral à Saint-Martin
De gauche à droite : Régis Armengaud, représentant de la DEAL ; Christophe Joe, garde de la RN ; Nicolas Maslach, directeur de la RN ; Ashley Daniel, garde de la RN et Anne-Marie Bouillé, chargée de mission du Conservatoire du littoral

Inaugurée en mars 2018 sur le site de Babit Point par Anne-Marie Bouillé, chargée de mission du Conservatoire du littoral à Saint-Martin, une table d’orientation permet au public d’identifier le magnifique paysage surplombant les rouleaux de l’Océan Atlantique d’un côté et les collines environnantes de l’autre. Cette table en lave, qui résistera à l’épreuve du temps, fait partie du programme de restauration écologique et paysagère de Babit Point mené par le Conservatoire du littoral et la Réserve naturelle, en concertation avec les riverains. Les membres de l’association syndicale libre d’Oyster Pond, ont souhaité en juin 2013 la cession au Conservatoire du littoral d’une parcelle de 4,7 hectares à Babit Point. Cette acquisition s’est ajoutée à l’achat d’une parcelle de 1,8 hectare en avril 2013 par le Conservatoire auprès des propriétaires vendeurs. Le projet a commencé par la démolition d’une maison en ruines en 2014 et s’est poursuivi par l’installation d’une clôture en bois en 2015. La prochaine étape consistera à aménager une zone d’accueil pour le public et un sentier botanique. La totalité de ce programme a été financée à 80% par l’État, dans le cadre du contrat de développement, et à 20% par les fonds propres du Conservatoire du littoral, pour un total de 112 231 euros.

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