Journal-33

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Journal-33

Favoriser la conservation des récifs coralliens et des espèces associées

© Julien Chalifour
© Julien Chalifour

Suivre l’état de santé du milieu marin, et notamment des récifs coralliens et de leurs populations, est une priorité de l’Ifrecor, Initiative française pour les récifs coralliens.

Dans cette optique, une convention entre la Réserve naturelle et l’Ifrecor, via la Direction régionale de l’environnement, va permettre de développer des indicateurs permettant de suivre l’état de santé des communautés récifales, mais également de faire le bilan de l’activité 2018 du “réseau récifs” dans les Antilles françaises. Ces deux missions ont été confiées à Amandine Vaslet, docteur en biologie marine, qui a récemment évalué le premier plan de gestion de la Réserve naturelle et réalisé le second.
Afin de mener ces deux missions à bien, la scientifique s’appuie sur les données des suivis scientifiques des récifs menés par la Réserve en 2017 et 2018 dans le cadre du réseau des réserves et des suivis Reef Check.

L’analyse de ces données permettra de savoir dans quelle mesure les coraux de Saint-Martin ont été impactés par Irma.

Son rapport est attendu en décembre 2018.

BIOHAB2 © Julien Chalifour
BIOHAB2 © Julien Chalifour

Guillaume Montagne, en stage à la Réserve d’avril à août 2018, a présenté oralement les résultats de son stage devant ses professeurs de l’Université de Calais (ULCO), où il vient d’obtenir sa licence pro Gestion des biens et personnes / aléas naturels et gestion de l’espace urbanisé. En charge des phases de planification, de conception puis d’implantation de BIOHAB2, il a suivi l’évolution de cet habitat artificiel mis en place à proximité du site de plongée du Remorqueur, au large de Tintamare. Un mois après l’immersion des structures, une plongée a permis de constater que la diversité et le nombre d’individus par espèce étaient bien supérieurs à ce qui avait été observé sur BIOHAB1, disparu avec l’ouragan Irma. Les données sont en cours d’exploitation, mais Julien Chalifour suspecte que cette abondance est due d’une part à l’ampleur du nouvel aménagement et d’autre part au pouvoir attracteur lié à la proximité du Remorqueur, déjà surcolonisé. Des bancs de gorettes juvéniles se sont appropriés les lieux, aux côtés de juvéniles de poissons chirurgiens, de poissons papillons, de poissons anges, mais aussi de jeunes langoustes royales. Un mois plus tard, une nouvelle plongée a mis en évidence une augmentation de toutes ces populations et l’incorporation de nouvelles espèces. Les premiers succès enregistrés sur BIOHAB2 ont été mis en lumière par IoTV, la chaîne locale, et seront mis à l’honneur au sein d’une édition de Thalassa dédiée à Saint-Martin et au changement climatique, au début de l’année prochaine (voir article page 6).

Requin dans un récif corallien – Shark in a coral reef © Franck Mazéas
Requin dans un récif corallien – Shark in a coral reef © Franck Mazéas

Du 15 au 17 octobre 2018 au Ministère des outre-mer, Nicolas Maslach, directeur de la Réserve naturelle de Saint-Martin, a participé au comité permanent de l’IFRECOR, l’Initiative française pour les récifs coralliens. Site par site, les études menées sur les fonds marins de l’outre-mer français ont été exposées. Ce bilan a précédé une réflexion sur les stratégies à poursuivre ou à mettre en place pour la conservation des récifs, des herbiers et des mangroves dans les années à venir. Également, différentes méthodes de travail ont été proposées face aux projets d’aménagement menaçant les espaces naturels et ont donné naissance à la méthode MERCI, pour Éviter, Réduire et Compenser. Soit, dans un premier temps, tenter d’éviter l’aménagement, puis, s’il a finalement lieu, agir pour réduire les conséquences sur les milieux marins, et enfin imposer à l’aménageur une obligation de compenser les impacts attendus en finançant notamment des travaux d’ingénierie écologique.

Interview de Nicolas Maslach – Nicolas Maslach interviewed © Chris Joe
Interview de Nicolas Maslach – Nicolas Maslach interviewed © Chris Joe

Du 8 au 11 octobre, la Réserve a rencontré une équipe de l’émission Thalassa, venue réaliser un reportage sur l’évolution de l’île sous l’aspect du logement et de la vie quotidienne, mais aussi de l’environnement. L’impact sur la faune et la flore a été évoqué, ainsi que le redémarrage des écosystèmes et les actions menées pour l’accompagner. Le projet d’habitat artificiel BIOHAB2, celui de bouturage corallien, mais également la création de pépinières destinées à revégétaliser le littoral côtier ont particulièrement intéressé Thalassa, ainsi que le programme “Aire marine éducative”, destiné à sensibiliser les plus jeunes (voir article page 22). L’équipe de journalistes reviendra terminer ce reportage en janvier 2019, afin de suivre l’évolution des projets.

Un quart à un tiers de la mangrove mise à mal par Irma repart. Les récentes fortes pluies ont permis de voir le niveau de l’eau remonter dans les étangs asséchés et ainsi favoriser la croissance des jeunes pousses de palétuviers.
Mérou de Nassau © Julien Chalifour
Mérou de Nassau © Julien Chalifour

Le programme européen LIFE dispose de 3 milliards d’euros pour soutenir les projets en faveur de l’environnement et du climat entre 2014 et 2020. LIFE ayant ciblé cette année les espèces à statut de conservation inquiétant, la Réserve naturelle a présenté un dossier ambitionnant la mise en oeuvre de travaux pour la restauration de deux espèces de mérous. Il s’agit du mérou de Nassau, atteignant rarement sa taille adulte car surpêché, et du mérou géant, que l’on a pu observer localement de manière anecdotique, une fois tous les deux ou trois ans. Appréciés des plongeurs en raison de leur curiosité à leur égard, ces mérous sont des prédateurs supérieurs importants écologiquement - ils pourraient notamment réguler la présence du poisson-lion - mais aussi économiquement à plus long terme, pour la finesse de leur chair. Ce dossier fait l’objet d’une collaboration internationale, avec la Martinique, la Barbade, la Floride et la France métropolitaine, et fait partie d’un programme global proposé par l’outremer français, coordonné par la Ligue pour la Protection des Oiseaux, qui n’est pas sectaire. Le dossier constitué par la Réserve s’articule sur plusieurs projets, l’objectif final étant d’aboutir à une gestion durable de ces populations :

  •   Réalisation d’un bilan socioéconomique sur la place de ces espèces à Saint-Martin en matière d’écologie, de consommation et de tradition.
  •   Suivi de l’état des populations encore présentes. • Sensibilisation du public en général et des scolaires en particulier.
  •   Suivis expérimentaux afin d’étudier le recrutement de ces deux espèces, sachant que les larves de mérous migrent plusieurs mois sur des centaines de miles, au bon vouloir des courants, avant que les post-larves de jeunes mérous s’installent sur les récifs.
  •   L’étude d’une possible évolution réglementaire concernant ces espèces. Plus de 200 000 euros ont été alloués à la Réserve sur la période 2018 - 2023. Ce budget va permettre à la Réserve de financer la venue de spécialistes pour réaliser les diagnostics et former les agents. Un chef de projet sera prochainement recruté : il se partagera entre la projet LIFE et le projet AFB en faveur des tortues marines (voir article page 24).

Favoriser la conservation des herbiers de phanérogames marines et des espèces associées

Algues vertes dans l’herbier – Green algae in the seagrass © Julien Chalifour
Algues vertes dans l’herbier – Green algae in the seagrass © Julien Chalifour

Organisé chaque année depuis 2008, le suivi Reef Check a eu lieu cette année du 17 au 19 septembre, au large du Galion, de Caye Verte, de l’îlet Pinel et du Rocher Créole. Deux bénévoles, Théo Feger et Guillaume - de Jorakhae Free Diving School - se sont joints à l’équipe de la Réserve. Les données sont en cours de traitement mais, un an après le cyclone Irma, l’observation a mis en évidence la présence importante d’algues filamenteuses vertes, posées sur les récifs et les herbiers, mais aussi échouées sur les plages, comme à Pinel. Ces algues sont habituellement présentes dans ces milieux, mais avec un développement saisonnier et en bien moindre quantité. Leur abondance cette année est un marqueur d’une pollution organique côtière, les stations d’épuration n’étant qu’à 50% de leur capacité de traitement, selon un communiqué de presse de l’EEASM paru en octobre 2018. Leur prolifération habituellement favorisée par les fortes pluies, dont les eaux de ruissellement se chargent en matières organiques et en nutriments, ont cette année bénéficié de rejets non-épurés. Conséquemment, le lessivage des sols et les pollutions côtières enrichissent le milieu côtier, au bénéfice des algues, mais au détriment des coraux qu’elles étouffent. La mauvaise qualité des eaux côtières représente la première cause de dégradation de la biodiversité marine à Saint-Martin.

© Julien Chalifour
© Julien Chalifour

Depuis 2007, la Réserve naturelle poursuit son suivi scientifique annuel des récifs et herbiers, qui s’est déroulé cette année du 24 au 26 septembre, avec le concours de Jonas Hochart, de l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barth. Il était venu aider l’équipe de Saint-Martin à documenter l’évolution de l’état des communautés coraliennes et d’herbiers, sur les trois stations de récifs - Chico, rocher Pélican et Fish Pot, site situé hors de la Réserve - et sur les trois stations d’herbiers - Rocher Créole, Pinel et Grand-Case, ce dernier site également hors de la Réserve. Les données sont en cours de traitement, mais les plongeurs ont pu constater un retour des éponges, qui avaient fortement régressé après le cyclone Irma. Ils n’ont également pas noté la présence excessive de colonies coraliennes fraîchement mortes conséquemment à Irma. Ils ont en revanche observé des algues vertes, ainsi que le retour de macro algues molles, qui avaient fortement régressé sous l’effet des houles successives. Ces algues entrent en compétition pour l’espace et la lumière avec les coraux et ont vraisemblablement bénéficié des rejets en mer d’eaux usées.

Dans le cadre de ce compagnonnage sous-marin entre réserves, Julien Chalifour est allé prêté main-forte à Saint-Barth dans un contexte identique, mais cette fois sur les stations récifales de l’îlet le Boeuf et du sec de Colombier. Il a également participé à l’implantation d’une nouvelle station d’herbiers à Petit-Cul-de-Sac, la station historique de l’anse de Marigot ayant disparu en raison de défrichements privés, qui ont provoqué le lessivage des sols puis l’étouffement des herbiers. La participation au suivi organisé au sein de la Réserve guadeloupéenne de Petite Terre a également pu être réalisée dans la foulée.

Favoriser la conservation des populations de tortues marines

Tortue verte - Green Turtle © Julien Chalifour
Tortue verte - Green Turtle © Julien Chalifour

Dans la nuit du 31 août, vers 23 heures, sur la plage de baie Longue, une quarantaine d’écovolontaires du suivi tortues marines ont pu observer une tortue verte, en pleine activité de ponte. Pendant une heure et demie, l’animal a multiplié les essais, mais est finalement reparti vers la mer sans avoir pondu. Elle est revenue un peu plus tard, mais ce nouvel essai s’est également soldé par un échec, le nid s’effondrant sur lui-même au fur et à mesure que la tortue creusait. Selon Julien Chalifour, ces tentatives infructueuses semblent être liées à la nature trop meuble du sable, remué par Irma et les épisodes de houle successifs au cyclone. Cet épisode démontre à nouveau l’importance d’éviter de perturber les activités de ponte, mais également de préserver la nature des sites de ponte : végétation, aménagement, compaction du sable, éclairage...

Bon à savoir
Une tortue marine prête à pondre dispose d’environ trois jours pour arriver à ses fins. Après ce délai et dans la mesure où elle est capable de pondre plusieurs fois dans une même saison, elle est contrainte de larguer ses oeufs en mer afin de laisser de la place aux prochains déjà en formation. Les tortues marines ne pondent que tous les deux ou trois ans, mais sont capables de nicher de 3 à 8 fois au cours de la même saison, enterrant ainsi de 60 à 120 oeufs à chaque fois. Mais seule une tortue sur 1000 a la chance d’atteindre l’âge adulte, 20 à 25 ans après son éclosion. Les autres, souvent la proie de prédateurs, peuvent également être victimes d’accidents, de chocs, de pollutions, d’engins de pêche ou de braconnage.
Sans commentaire - No comment
Sans commentaire - No comment

Les activités de construction et de reconstruction à Saint-Martin connaissent une nouvelle dynamique ces 5 derniers mois, et c’est tout à fait légitimement que chacun s’affaire à remettre en état son logement ou son entreprise. Les écosystèmes naturels qui eux aussi ont été impactés par les aléas climatiques peinent à se remettre. Aussi est-il important d’éviter de les dégrader davantage. Au-delà du bon sens, il s’agit aussi de respecter la réglementation et de prendre conseil auprès des services concernés en charge de la compétence de l’environnement, à savoir l’UT DEAL Saint-Barthélemy et Saint-Martin en préfecture. C’est ce qu’aurait dû faire le propriétaire d’une villa aux Terres-Basses avant d’entreprendre les travaux de remise en état d’un mur en bord de plage. Ces travaux ont amené l’entrepreneur à réaliser une cavité de plus de 3 mètres de profondeur sur une plage répertoriée et identifiée comme un site de ponte de tortues marines. En France - et donc à Saint-Martin - les tortues marines, certaines espèces d’oiseaux et certains végétaux sont protégés, ainsi que les habitats qui les abritent. La destruction de sites d’intérêt géologique, d’habitats naturels, d’espèces animales non domestiques ou végétales non cultivées et de leurs habitats constitue dès lors un délit, prévu par le code de l’environnement. Le responsable encourt une peine maximum de deux ans d’emprisonnement et de 150 000 € d’amende. Cette réglementation s’applique ainsi à tous les milieux naturels, marin, terrestre et lacustre de Saint-Martin.

Maintenir ou améliorer les conditions d’accueil pour les populations d’oiseaux marins nicheurs

Èchasse d’Amérique Black-necked stilt © Julien Chalifour
Èchasse d’Amérique Black-necked stilt © Julien Chalifour

Selon une étude du US Fish and Wildlife Service, les ornithologues amateurs ont apporté 36 milliards de dollars à l’économie américaine en 2006, et un cinquième (20%) des Américains sont identifiés comme des ornithologues. Ailleurs, dans le parc national turc de Kuşcenneti, un site identifié Ramsar en Turquie - comme Saint-Martin - attire des ornithologues amateurs du monde entier et représente des revenus directs et indirects de plus d’1 million de dollars par an. Les visites guidées y sont devenues une activité majeure, avec au moins 127 entreprises proposant des visites dans le monde entier. Sachant que l’avifaune recensée sur les étangs de Saint-Martin comprend plus de 85 espèces d’oiseaux, cette abondance et cette richesse amènent naturellement la Réserve naturelle et le Conservatoire du littoral à promouvoir une conservation de ces espaces et de ces espèces, à travers des aménagements adaptés dans chaque site pour l’accueil du public. L’idée, en l’absence d’une stratégie touristique autre que balnéaire à Saint-Martin, est de proposer un développement de l’écotourisme à travers le birdwatching, pour lequel Saint-Martin détient un formidable potentiel dans toute la Caraïbe. Pour cela, il est nécessaire en parallèle d’accroître la protection des espaces lacustres en les aménageant, notamment afin d’encadrer les activités anthropiques. Dans un contexte post-Irma dans lequel chacun s’accorde à dire qu’il est nécessaire de repenser notre modèle de développement, les espaces lacustres de Saint-Martin, outre leur intérêt patrimonial, apparaissent comme l’ouverture de l’essor de l’écotourisme à Saint-Martin. La Réserve estime à 1,6 million d’euros le budget nécessaire à la reconquête des étangs.

Les étangs de Saint-Martin, pourtant zone tampon entre le milieu terrestre et le milieu marin, sont encore trop souvent considérés comme des lieux insalubres. Leur image négative, conjuguée aux difficultés foncières facilitant leur destruction, est en partie à l’origine de cette désastreuse évolution. L’ensemble des espaces lacustres de Saint-Martin a été impacté par la violence des vents de l’ouragan Irma. Les mangroves sont quasiment détruites, la végétation littorale a disparu, arrachée par la violence des rafales. L’impact sur la biodiversité animale marine et terrestre est difficilement quantifiable, mais il est certain que la disparition des habitats et des écosystèmes aura un impact fort à court, moyen et long terme sur le stock et la production globale de biodiversité animale et végétale. Les actions de reconquête de la biodiversité sur les espaces lacustres permettront dans le futur de minimiser ces impacts et d’en atténuer les effets sur la biodiversité de manière générale.

Maintenir ou améliorer l’état écologique des étangs

L’étang de Chevrise - Chevrise Pond © Conservatoire du littoral
L’étang de Chevrise - Chevrise Pond © Conservatoire du littoral

1314 tonnes de déchets ! C’est le chiffre enregistré par le Conservatoire du littoral au 1er octobre, soit 3 mois après le début de la grande campagne de nettoyage sur tous les sites du Conservatoire, et tout particulièrement les étangs. La ferraille - principalement des tôles - représente un tiers des déchets et les encombrants les deux autres tiers. Les plus gros déchets - toitures, conteneurs... - ont été dégagés en juillet et en août par la société L & A Transport, titulaire du marché public lancé par le Conservatoire. Une équipe d’une dizaine de personnes s’est attaquée à cette tâche titanesque, à l’aide d’une dizaine de gros engins.

L’étang de la Savane - Savane Pond © Conservatoire du littoral
L’étang de la Savane - Savane Pond © Conservatoire du littoral

Mais l’opération continue depuis avec les six agents de l’association ACED et Aude Berger, chargée par le Conservatoire de la coordination du nettoyage des sites, qui se consacrent depuis le 1er juillet à la collecte des déchets de petite et moyenne taille, qu’ils trient avant de les transporter à l’écosite, où ils sont traités. Trois épaves de voitures, un bateau de belle taille, un jet ski ont été enlevés grâce à leur travail, mais aussi beaucoup d’objets personnels, des vêtements, des peluches, et un grand nombre de pièces automobiles. Le Conservatoire apprécie le travail efficace effectué par l’ACED, surtout dans les étangs, où il n’est pas évident de sortir des déchets envasés puis de les transporter sur les berges, que ce soit à pied ou à bord d’un kayak. Et sur l’étang de Grand-Case, très pollué, les agents ont du travailler entre 5 heures et 7 heures du matin, avant que le trafic aérien ne reprenne. Ils ont été aidés en juillet par une vingtaine de scouts belges et une centaine de scouts de France, encadrés par les agents de la Réserve naturelle, ainsi que par les associations What de 9 et Clean Saint-Martin, et quelques riverains. Le constat aujourd’hui reste que la presque totalité des étangs est propre et qu’ils le seront tous à la mi-décembre.

L’équipe de l’ACED - The ACED Team © Conservatoire du littoral
L’équipe de l’ACED - The ACED Team © Conservatoire du littoral

Il sera alors temps de végétaliser la mangrove, ce que prévoit une convention signée entre l’ACED, le Conservatoire du littoral et la Réserve naturelle. Après le nettoyage et l’encadrement par le Conservatoire, la Réserve naturelle prendra le relais. Les agents de l’ACED consacreront donc les six premiers mois de 2019 à la création d’une pépinière de palétuviers et à la plantation des arbres dans la mangrove impactée. Ils bénéficieront avant cette nouvelle étape d’une formation théorique et pratique faite par Aude Berger et Anne-Marie Bouillé, qui leur exposeront le rôle écologique des zones humides, les écosystèmes de la mangrove et des étangs, mais aussi les métiers de l’environnement et notamment celui de garde du littoral. 141 000 euros auront été mobilisés pour réaliser le nettoyage des sites du Conservatoire, par l’Agence française de la biodiversité, la Collectivité sur allocation d’État et le Conservatoire du littoral.

Ce vaste programme de restauration écologique a été précédé par la prise de photos aériennes à l’aide d’un drone, plus particulièrement au-dessus des étangs, afin d’identifier l’impact sur la mangrove, de vérifier l’état des exutoires et de repérer les déchets dans les endroits les plus inaccessibles. Après cela, l’écologue Mélanie Haerteman et Anne-Marie Bouillé, chargée de mission du Conservatoire à Saint-Martin, ont effectué un état des lieux sur les étangs : mesures hydrologiques (température, oxygénation, salinité, courants), état de la faune et de la flore, mais aussi cartographie des déchets. Puis une fiche de recommandations a établi la priorité sur chaque site, les actions à éviter et celles à favoriser.
Afin de clore le dossier de subvention qui avait été présenté à l’Agence française de la biodiversité il y a un an, quelques travaux de génie écologique seront réalisés dans les semaines qui arrivent comme à l’étang de la Barrière, avec la création de chenaux afin de favoriser une remise en eau d’une partie du site, ou le nettoyage des connexions hydrauliques entre les Salines d’Orient et l’étang aux Poissons.
Coût total du projet (mission photo, mission écologique, nettoyage et travaux de génie écologique) : 89 663 euros (80% AFB et 20% Conservatoire).
Des élèves enthousiastes - Enthusiastic pupils © Christophe Joe
Des élèves enthousiastes - Enthusiastic pupils © Christophe Joe

Né en 2012 aux Marquises de l’imagination des enfants d’une école primaire, le concept d’”aire marine éducative” (AME) s’est développé avec succès sur tout le territoire français. À Saint-Martin, trois classes gèrent leur aire marine et ont reçu le label “Aire marine éducative” le 4 juin 2018. Ce label, porté par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), reconnait la mise en oeuvre d’une démarche écologique invitant les élèves à réfléchir sur la gestion et la protection du patrimoine naturel marin. Ces “rangers juniors” se sentent concernés par un échantillon de leur patrimoine naturel et s’investissent pour le protéger et le gérer. Ainsi, un CM1 de l’école Clair Saint-Maximim alterne séances en classe et visites sur le terrain, au Galion, sous la houlette de leur référent, Vincent Oliva, garde à la Réserve naturelle et chargé de mission éducation à l’environnement. Également, deux 6èmes du collège Mont des Accords s’intéressent au littoral de Galisbay, avec Amandine Vaslet, de l’association “Mon école, ma baleine”. L’idée pour tous ces jeunes est de définir des priorités pour la protection de la biodiversité du site dont ils sont responsables et d’appliquer le programme scolaire à des cas concrets, comme par exemple la replantation de mangroves. Un jumelage de ces classes est en projet.

Favoriser la conservation de la végétation xérophile

L’impact du cyclone Irma sur l’environnement a incité l’Agence française de la biodiversité à lancer un appel à projets pour la reconquête de la biodiversité dans tout l’outremer. La Réserve a bien sûr répondu à cet appel en constituant trois dossiers. L’un de ces projets, d’ores et déjà accepté, vise à financer la réalisation d’une mission scientifique d’inventaire de l’impact d’Irma sur la flore des îlets classés en Réserve naturelle - soit Pinel, Petite Clé, Caye Verte et Tintamare - l’objectif étant de proposer des actions de restauration des espèces et des habitats qu’elles constituent. Un second projet, en cours de validation, concerne les actions en faveur de la conservation des tortues marines et leur protection. Il s’agira de continuer le suivi scientifique pendant la saison de ponte, mais aussi de développer le réseau échouages, de réhabiliter les habitats essentiels que sont les plages de ponte et les zones d’alimentation et de renforcer les actions de sensibilisation du public. Un troisième dossier a été déposé par Vincent Oliva, afin de financer l’acquisition de matériel de sensibilisation, qui pourra être utilisé dans les établissements scolaires.

Actions de Police

Le pôle technique et police de la nature de la Réserve naturelle a effectué 259 patrouilles durant les 9 premiers mois de l’année 2018 : 192 patrouilles à terre et 67 en mer. Sur ces 259 patrouilles, 46 - soit 29 à terre et 17 en mer - ont donné lieu à des rappels à la loi et éventuellement des saisies de matériel. Parmi les infractions, on trouve des dépôts de déchets dans la Réserve, des vols de drone sans autorisation, des vols de sable au Galion, des ancrages de bateaux sur des sites où il est interdit de mouiller une ancre, l’utilisation de jet skis, la pratique de kite surf en dehors de la zone autorisée au Galion et 11 actions de pêche dans la Réserve : pêche au casier au Galion, pêche au crabe sur les étangs, pêche en kayak sur les Salines d’Orient, pêche à la canne au Galion. Également, un conducteur de quad a été informé que les engins motorisés ne sont autorisés que sur les routes carrossables dans la Réserve et en aucun cas sur la plage.

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