Saviez-vous que l’on peut bouturer le corail comme on bouture une plante? Et créer ainsi une pépinière de coraux, dans l’objectif de réimplanter les jeunes colonies sur des récifs coralliens en mauvaise santé. Alizée Masson et Nicolas Oury, tous deux stagiaires à la Réserve naturelle, sont chargés de créer la première pépinière de coraux de Saint-Martin. Les coraux concernés sont les Acropora sp.a, et plus particulièrement les «cornes de cerf» (Acropora cervicornis) et les «cornes d’élan» (Acropora palmata), largement dégradés et qui poussent plus rapidement que les autres coraux, jusqu’à plus de 10 centimètres par an. Les sites d’implantation restent à déterminer, entre 5 et 10 mètres de profondeur, à un endroit peu visité. La mission va nécessiter de nombreuses plongées : d’abord pour couper les boutures sur du corail sain, puis pour les fixer sur un support adapté - corde, grillage… - à leur développement. Alizée, 21 ans, inscrite en master 1 «Écologie, biodiversité, évolution» à l’université Paris Sud, est accueillie par la Réserve du 30 mars au 4 juin 2015. Nicolas, 19 ans, étudiant à l’école Intechmer de Cherbourg et futur technicien supérieur de la mer, effectue son stage entre avril et août 2015.
La première pépinière de coraux de type Acropora sp.
Acropora cervicornis
Les deux stagiaires travaillent sous la responsabilité de Julien Chalifour, à l’origine du projet. «L’objectif est de recoloniser des zones où les Acropora sp. ne sont plus présents, alors qu’ils sont le genre phare et les premiers constructeurs des récifs de la Caraïbe. Il faut se souvenir que sans barrière récifale, la houle grignotera peu à peu les côtes de l’île,» explique-t-il. Où cette recolonisation se fera-t-elle? À Grandes Cayes, par exemple, ou les Acropora sp. ont été décimés en raison de la hausse de la température de l’eau de surface, des cyclones, du piétinement, des braconniers, mais aussi par l’enrichissement en matières organiques d’origine humaine, «booster» de la croissance des algues, qui étouffent et affaiblissent ces coraux, favorisant le développement de maladies qui les tuent. Les futures boutures devront être prélevées sur différents individus, afin de favoriser la résistance de la communauté face à toutes les perturbations qu’elle connaîtra.
Alizée Masson & Nicolas Oury