Deux projets présentés par Anguilla ont été sélectionnés par le programme BEST et sont actuellement en cours de réalisation. Romain Renoux a rendu visite à ses voisins insulaires les 11 et 12 avril 2017 en compagnie d’Élise Queslin, chargée du projet BEST au Carspaw, afin d’évaluer l’avancée de ces projets.
Premier projet : protéger les tortues marines d’Anguilla
Anguilla s’inquiète pour ses tortues marines, dont les populations ont considérablement décliné en raison de leur surexploitation, comme partout ailleurs dans la Caraïbe. Afin d’inverser cette tendance, le Department of Fisheries and Marine Resources d’Anguilla s’est fixé cinq objectifs, à développer entre mai 2016 et avril 2019 :
- Identifier et évaluer les populations de tortues marines, ainsi que les sites qu’elles fréquentent.
- Identifier les menaces dont elles sont victimes et élaborer des stratégies pour les contrer.
- Définir et mettre en place le cadre et les actions nécessaires à la protection des tortues marines et au développement de leurs populations.
- Apporter une expertise technique accrue au niveau local pour la protection des tortues marines et le renforcement des connaissances à leur sujet.
- Mieux sensibiliser le public, localement et à l’extérieur, sur l’importance de la protection des tortues marines et du littoral.
Il va s’agir entre autres de former une vingtaine de guides - parmi lesquels des pêcheurs - à la pratique d’écotours autour et au sujet des tortues marines. D’un montant total de 440 000 euros, ce projet est financé par BEST à hauteur de 400 000 euros.
Second projet : préserver l’iguane des Petites Antilles
L’iguane des Petites Antilles - Iguana Delicatissima - est en voie de disparition, supplanté par l’iguane commun - Iguana Iguana - espèce invasive avec laquelle il s’accouple et qui finit après quelques décennies par faire disparaître l’espèce endémique. Anguilla a la chance que l’iguane des Petites Antilles n’ait pas encore totalement disparu sur son sol, comme c’est le cas aujourd’hui à Saint-Martin, et devait réagir rapidement pour préserver ce précieux patrimoine naturel. La solution est radicale : il faut isoler l’animal sur une île suffisamment éloignée d’autres terres, pour la rendre inaccessible à l’iguane commun, qui est très bon nageur. La capture d’Iguana Delicatissima a commencé et il faut d’abord s’assurer par un test génétique que l’animal n’est pas un hybride. Seul un test génétique peut le certifier à 100%, les caractéristiques morphologiques étant parfois trompeuses. Les reptiles sont donc placés dans un enclos en attendant les résultats du test et si tout va bien font ensuite l’objet d’une translocation à Prickly Pear, où aucun iguane commun n’a été repéré. Une étude en cours s’intéresse au transfert des iguanes, à l’évolution de leur population sur leur nouvelle île, leur reproduction, leur régime alimentaire, leurs conditions de vie et a conclu que pour le moment toutes les conditions étaient réunies pour que l’Iguana Delicatissima prospère à Prickly Pear. Les îles de Saint-Barthélemy et Saint-Eustache, où l’iguane des Petites Antilles est également menacé par l’iguane commun, sont partenaires au travers de l’Agence territoriale de l’environnement et de la Stenapa (Statia National Parks Foundation).