Journal-21

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Journal-21

Delegated Prefet of the State Representative for the Collectivités of Saint-Barthélemy and Saint-Martin
Préfet délégué auprès de la représentante de l’Etat dans les collectivités de Saint-Barthélemy et Saint-Martin

Le projet de création de l’Institut de la biodiversité marine porté par la Réserve naturelle bénéficie d’une place de choix dans le programme opérationnel européen 2014-2020 et j’en suis très satisfait. Outre le fait qu’il renforce la protection de l’environnement déjà mise en place, ce nouvel équipement constitue un atout important dans la création de nouvelles filières professionnelles et la promotion de l’écotourisme sur la partie française de l’île. Mon équipe, les partenaires concernés et moi-même avons travaillé avec la Réserve sur la définition de ce projet, de manière à disposer d’un outil vraiment efficace. La Réserve naturelle effectue un travail remarquable et l’État se tourne régulièrement vers son expertise en matière d’environnement. Cela sera ainsi le cas pour la sauvegarde du lagon de Simpson Bay, projet de coopération entre les deux parties de l’île qui va également bénéficier de fonds européens. Continuons le travail. La qualité de son environnement naturel est pour Saint-Martin une richesse qui prend de la valeur chaque jour et que nous devons tous nous attacher à améliorer.

L’amélioration des connaissances sur les espaces et les espèces protégées

Schéma d’intention de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire
Schéma d’intention de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire

C’est officiel! La Réserve naturelle renforce son efficacité à Saint-Martin avec la création de l’Institut caribéen de la biodiversité insulaire. Le feu vert à cet innovant projet d’envergure a été donné fin juillet par la signature d’une convention de financement, dans le cadre du Contrat de développement entre la Collectivité et l’État. L’étude de faisabilité d’une durée de six mois démarrera en septembre et il faudra attendre la fin des travaux en 2017 pour inaugurer la structure. Cet ambitieux programme se présente sous la forme d’un pôle d’excellence en recherche, environnement et écotourisme. Sa vocation principale sera d’améliorer les connaissances sur les écosystèmes de notre île et leurs potentiels, avec une montée en puissance du Pôle scientifique de la Réserve et une intensification des échanges avec les universitaires de la Caraïbe et d’ailleurs. Il s’agira d’innover en matière de gestion des écosystèmes, de créer des filières de développement économique axées sur la pêche, l’aquaculture et l’agriculture et de mettre en place des formations liées à l’environnement: guide écotouristique à terre et en mer, police de la nature, métiers de la mer, optimisation des projets éco touristiques... L’Institut sera implanté sur un site privilégié, dans un cadre naturel cohérent avec les actions de la Réserve, tournées vers la mer et les étangs. On y trouvera les bureaux de la Réserve, mais surtout un musée vivant, avec un jardin tropical, des aquariums, un parcours pédestre et même un centre de soins pour les animaux blessés. L’idée sera que tous les écosystèmes de l’île y soient valorisés, pour une sensibilisation optimale du public : scolaires, habitants, touristes… Le bâti s’intégrera dans son environnement naturel et la préférence sera donnée aux techniques de construction environnementales les plus innovantes.

5,4 millions d’euros ont été attribués à la réalisation du projet dans le cadre du contrat de plan État - Collectivité. La création d’une dizaine d’emplois est envisagée et la Réserve a prévu une grande partie d’autofinancement pour son fonctionnement, grâce à l’ouverture au public, les expositions permanentes et temporaires, la mise à disposition d’un auditorium pour les conférences…

A young lemon shark, weighed, measured, tagged and released back into the sea
Un requin citron juvénile pesé, mesuré, tagué et remis à l’eau

Le requin fait peur. À Saint-Martin aussi, même si aucun accident n’a jamais été rapporté. Mais le mythe est plus fort que la réalité, surtout depuis la série d’attaques survenues à La Réunion. Afin de mieux connaître ce grand poisson cartilagineux et sensibiliser le public au travers d’une bonne information, la Réserve naturelle a lancé le programme Negara, comme Negaprion, nom scientifique du requin citron, espèce couramment observée le long des plages et la plus en contact avec les baigneurs. Le projet a été retenu par l’Ifrecor, qui en a financé la plus grande partie, la Réserve ayant mis ses moyens humains et logistiques à disposition. La mission s’est déroulée en juillet, en collaboration avec Océane Beaufort, scientifique riche d’une première expérience sur l’étude de la reproduction du requin citron dans la Réserve naturelle de Petite-Terre et en charge pour l’association Kap Natirel d’un réseau de suivi des requins, en ligne sur www.reguar.org. Les juvéniles passant leurs deux ou trois premières années non loin du rivage, afin de se protéger de leurs prédateurs, l’opération a consisté à repérer, appâter puis capturer plusieurs spécimens, à l’aide d’un hameçon démuni d’ardillon. Douze requins citron d’une longueur n’excédant pas 80 centimètres ont ainsi été pesés et mesurés, et un échantillon de leur peau prélevé afin d’analyser leur ADN, pour éventuellement mieux connaître leur provenance. Chaque animal a été marqué dans la nageoire dorsale avec un tag numéroté et d’une couleur correspondant à un site donné, avant de retourner à la mer. Le traitement des données est en cours et un rapport sera publié avant la fin de l’année 2014.Un requin citron juvénile pesé, mesuré, tagué et remis à l’eau

Si elle était étendue à d’autres îles, cette étude permettrait de mieux connaître le comportement des adultes de cette espèce, dont on ignore presque tout pour le moment. À l’issue de cette première expérimentation, Océane Beaufort constate que la population de requins citron est plus importante à Saint-Martin qu’à Petite-Terre, en Guadeloupe, comme d’ailleurs d’autres espèces, comme le requin de récif et le requin nourrice.

A very white caudal fin
Une nageoire caudale très blanche

Les mammifères marins ont une place privilégiée dans le coeur de la Réserve naturelle, qui représente le sanctuaire Agoa à Saint-Martin et effectue des suivis scientifiques chaque année. Depuis 2003, les sorties en mer ont permis de collecter un grand nombre de photos, dont d’intéressantes photos de nageoires caudales ou dorsales de baleines à bosse, véritables cartes d’identité de chaque animal, l’intérêt étant de pouvoir identifier visuellement l’animal dans ses déplacements, sans le déranger. Des catalogues similaires existent ailleurs et ont permis, par exemple, de reconnaître grâce à deux photos identiques la même baleine observée consécutivement au Cap Vert et en Guadeloupe. Afin d’améliorer ses connaissances sur les mammifères marins, la Réserve travaille actuellement à la création d’un catalogue de photos d’identification prises autour de Saint-Martin et Sint Maarten. Marion Barrau, étudiante en quatrième année à l’école vétérinaire UAX, à Madrid, a consacré son été à élaborer ce catalogue, qui permet aujourd’hui d’identifier 35 baleines à bosses, mais aussi 25 grands dauphins. Ces photos ont été prises par l’équipe de la Réserve, mais également par plusieurs écovolontaires et d’autres passionnés de mammifères marins. Marion BarrauMarion invite tous les amoureux des baleines et des dauphins à envoyer leurs photos de nageoires caudales ou dorsales sur baleine@ rnsm.org. Précisons que ces photos resteront la propriété de l’auteur, dont le nom sera porté sur chaque photo utilisée. Le catalogue de Saint- Martin/Sint Maarten s’enrichira au fil du temps et constituera une précieuse base de données, qui permettra de suivre les routes empruntées par les mammifères, mais aussi de mieux connaître leur abondance et d’estimer leur population. À terme, le catalogue devrait être disponible en ligne et permettra à chacun de participer à l’identification des individus sur le terrain, pour signaler les rencontres fortuites ou ajouter de nouvelles photos qui enrichiront les bases de données. La Réserve est partenaire sur ce projet de l’Observatoire des mammifères marins de l’arc guadeloupéen (OMMAG), qui dispose d’un épais catalogue de photos, consultable sur ommag. info. Un grand merci à l’OMMAG pour leur appui technique et leur passion communicative !Two, very different, humpback whale dorsal fins

Spotted dolphin
Dauphin tacheté

Après la Guadeloupe et la Martinique, c’est dans les Îles du Nord que la dernière campagne Agoa 2014 de suivi scientifique des mammifères marins en saison sèche a eu lieu, du 15 au 28 avril. Avec succès. De nombreux mammifères marins ont pu être observés entre Saint-Martin, Sint Maarten, Anguilla, Saint-Barth, Saba et Saint- Eustache, dont des baleines à bosse, des dauphins tachetés pantropicaux et des grands dauphins. La Réserve naturelle y a participé, comme à chaque fois, ainsi que des écovolontaires de Saint-Martin et de Guadeloupe; la responsable d’Agoa basée en Guadeloupe, Amandine Eynaudi; le CAR-SPAW, Anguilla et Saba.

La maîtrise des impacts anthropiques sur les espaces protégés

Annoncé dans la dernière édition de ce journal, le projet-pilote d’habitat artificiel sous-marin Bio- Hab, habitat de choix pour des milliers de larves auxquelles il permet de survivre, s’annonce d’ores et déjà comme un franc succès. Depuis la mise en place en janvier 2014 du premier module constitué de parpaings disposés en pyramide, quatre autres modules de formes différentes ont été construits et neuf modules au total ont été implantés. Les premières plongées de suivi ont permis de constater une rapide évolution de la faune sur le premier module, suivie d’une colonisation quasiment identique de tous les autres. En cinq mois, 33 espèces se sont installées sur ce site auparavant désert et l’on comptait 151 individus pour 100 mètres carrés en juillet, dont 63 langoustes royales, soit une densité bien supérieure à celle que l’on observe sur les récifs naturels! Les autres espèces les plus présentes sont les gorettes, les mombins, les crabes-araignées nez pointu et les crevettes nettoyeuses. La biomasse estimée s’élève à 45,1 kilos pour 100 mètres carrés, dont 43,5 kilos de langouste royale. Inutile de dire que la Réserve naturelle tient secret le lieu de cette expérimentation, que d’aucuns pourraient considérer comme une mine d’or. Le projet va se poursuivre avec l’implantation d’un second site, toujours dans la Réserve, mais à une profondeur moindre, avant la fin de l’année 2014. Le but est de comparer les espèces colonisatrices, ainsi que les contraintes logistiques liées à la profondeur : durée de plongée, impact de la houle, disponibilité de la lumière…

Initié au Japon et repris depuis sur toute la planète, notamment à l’île de La Réunion, l’objectif principal des récifs artificiels est le développement de la biomasse en favorisant la survie des poissons et des crustacés. À Saint- Martin, dans un contexte de raréfaction du couvert corallien, ce projet ouvre des horizons nouveaux, notamment pour les pêcheurs et les plongeurs. À noter : aucun poisson-lion n’a pour le moment été observé sur le site.
Halophilia stipulacea
Feuilles et rhizomes de la plante Halophilia stipulacea

Arrivée en février à la Réserve, Éva Moisan avait six mois pour étudier Halophilia stipulacea, espèce invasive introduite par l’intermédiaire des ancres de bateaux et qui peu à peu grignote de l’espace dans l’herbier sous-marin. À la veille de son départ, cette étudiante en Master professionnel à l’Université de Corte a rendu son rapport et apporte des réponses nuancées sur les conséquences de l’arrivée de l’algue dans les eaux de Saint-Martin. On constate d’abord que la taille de la plante est inférieure localement à ce qu’elle est dans le reste de la Caraïbe. Ses rhizomes s’allongent à Saint-Martin de 0,26 à 2,16 centimètres par jour, alors qu’une croissance quotidienne pouvant aller jusqu’à 6 centimètres a été enregistrée dans d’autres îles. Son observation a fait apparaître que l’algue a une croissance ralentie sur les sites où elle est en compétition avec Syringodium et Thalassia, les deux espèces locales, mais qu’elle s’étend rapidement sur les plaines de sable plus profondes, vierges de végétation. Par principe de précaution, les premières constatations impliquent de classer l’espèce comme potentiellement invasive, compte-tenu de son expansion continue, de l’absence de régression sur les sites déjà colonisés et de son apparition sur cinq nouveaux sites depuis un an. Ce statut d’espèce invasive est par ailleurs déjà reconnu dans d’autres îles de la Caraïbe. En revanche, l’avancée du travail ne permet pas d’affirmer que l’espèce est forcément destructrice. De nouvelles études devraient permettre d’affiner les conclusions, notamment sur les interactions d’Halophilia stipulacea avec la flore locale. À noter : la plante profite pour s’implanter de la fragilité des herbiers natifs, victimes sur certains sites du déversement d’eaux usées ainsi que de la destruction provoquée par les ancres et leurs chaînes.

Afin d’éviter la dégradation des herbiers, les bateaux doivent utiliser les corps-morts mis à leur disposition par la Réserve naturelle au Rocher Créole, à Pinel et à Tintamare.

Léa Daures à l’îlet Pinel, sur le terrain
Léa Daures à l’îlet Pinel, sur le terrain

Grâce au travail de Léa Daures, âgé de 20 ans et étudiante à la faculté des sciences de Montpellier, l’atlas des sites de pontes des tortues marines est aujourd’hui mis à jour. Créé il y a cinq ans par Pauline Malterre, à l’époque chargée de mission scientifique à la Réserve, et Éric Delcroix, responsable à ce moment-là du réseau tortues marines en Guadeloupe, cet atlas récapitule l’état des lieux de la qualité de toutes les plages fréquentées par les tortues en période de ponte. En stage volontaire post-licence, Léa a arpenté l’ensemble des plages concernées afin de constater leur évolution en 2014. En se basant sur les données existantes, elle a noté tous les changements survenus en matière de surface des plages, de disparition ou d’augmentation de la végétation, de nouvelles constructions, d’implantation de nouveaux aménagements susceptibles de perturber les pontes en raison, par exemple, d’émission de lumière ou de bruit. Cet atlas existe pour chaque zone de ponte des tortues marines dans toutes les Antilles françaises et sa mise à jour régulière est un outil supplémentaire pour la préservation des tortues marines.

Sand stolen from Grandes Cayes beach
Vol de sable à Grandes Cayes

Le sable aussi est protégé dans la Réserve

Un quidam indélicat a été surpris le 6 juin en flagrant délit de vol de sable sur la plage de Grandes Cayes. La quantité volée étant limitée à trois seaux de sable, il s’est simplement vu infliger un avertissement par les gardes de la Réserve.

Payer sa dette à la société sur la plage

Dans le cadre de la convention qu’elle a signé avec le parquet et le juge pour enfants, la Réserve a accueilli deux personnes coupables de petits délits, ayant reconnu les faits et accepté d’effectuer un TNR (travail non rémunéré) au bénéfice de la communauté. Ce dispositif, différent du TIG (travail d’intérêt général), évite aux contrevenants de passer par la case tribunal et d’entrer dans une procédure parfois inadaptée à la gravité de leur acte. Leur travail a consisté, en juin pour le premier et en août pour le second, à nettoyer la plage de Grandes Cayes pendant une journée.

La restauration des milieux et des populations dégradées

Plantings at Grandes Cayes
Plantations à Grandes Cayes

Le remplacement des bouées de mouillage

Objets trop souvent de vols ou de dégradations - est un travail que les gardes de la Réserve connaissent bien et qu’ils perfectionnent au fil du temps. Ainsi à Tintamare, où il ne restait que trois mouillages début mai, l’équipe a mis en place dix-sept nouvelles bouées, reliées à leur corps-mort par un bout mixte constitué d’acier et de nylon, qui devrait résister aux pales d’hélice comme aux tentatives de vols.

Le remplacement des bouées de mouillage - objets trop souvent de vols ou de dégradations - est un travail que les gardes de la Réserve connaissent bien et qu’ils perfectionnent au fil du temps. Ainsi à Tintamare, où il ne restait que trois mouillages début mai, l’équipe a mis en place dix-sept nouvelles bouées, reliées à leur corps-mort par un bout mixte constitué d’acier et de nylon, qui devrait résister aux pales d’hélice comme aux tentatives de vols.

207 arbres plantés à Grandes Cayes

Fin mai, une tranchée a été creusée et 207 arbres plantés le long de la plage de Grandes Cayes, entre la route et la plage, afin d’éviter le stationnement. Des bombes volcaniques ont été posées entre les plantations, afin de renforcer l’objectif. La préférence a été donnée à trois espèces locales - catalpas, raisiniers et amandiers - et il suffira de quelques années pour que le site soit bien ombragé. Ces travaux ont été effectués par la Réserve naturelle et le Conservatoire du littoral, avec le concours gracieux de l’entreprise Verde gestionnaire de l’écosite et de la société Jardinia.

La communication et l’éducation environnementale

La Réserve présentée aux élus
La Réserve présentée aux élus

La présidente Aline Hanson a chaudement félicité l’équipe de la Réserve à l’issue de l’assemblée générale de l’association de gestion de la Réserve naturelle organisée à la Collectivité le 30 juin pour une bonne information des élus. L’ensemble des actions de la Réserve en 2014 a été présenté, le budget 2013 a été présenté et validé et le budget 2014 présenté.

On retiendra d’abord le fait que la Réserve a maintenant plus de 15 ans et qu’elle a acquis une certaine maturité. Elle n’est plus perçue comme «l’empêcheur de tourner en rond», comme c’était le cas à ses débuts. La population voit l’outil que représente la Réserve et les avantages qu’elle apporte à Saint-Martin, dont la principale économie est le tourisme, totalement dépendant de la qualité de l’environnement. En matière de tourisme, le directeur de la Réserve, Nicolas Maslach, a souligné que le birdwatching est une activité écotouristique qui se développe dans le monde entier et génère environ 15 milliards de dollars par an. Saint-Martin est un excellent site encore mal connu pour cette activité, dans la mesure où les populations d’oiseaux sont importantes et les espèces diversifiées, qu’il y a très peu de chasseurs, que les oiseaux sont habitués aux activités humaines (avions, travaux…) et se laissent assez facilement observer. L’assistance a pu visionner le film consacré au récif artificiel installé par la Réserve (lire pages 10 et 11) et a ainsi pu suivre de visu le développement rapide de la faune et notamment la présence de nombreuses langoustes royales. À l’issue de la projection, Christophe Hénocq, membre de l’association, a émis l’idée d’installer ce type de récif pour les pêcheurs, en dehors du territoire de la Réserve. Il a demandé quel serait le coût d’un tel projet et ce que l’on pouvait en attendre. Nicolas Maslach lui a répondu que le coût de l’installation d’une centaine de modules sur une zone appropriée s’élèverait à environ 150 000€. Il a remarqué que ce projet initié par la Réserve dans son rôle de conservation ouvrait sur des possibilités économiques nouvelles et supérieures à l’existant. Il a ajouté qu’il faudrait réfléchir à une réglementation adaptée et à l’attribution d’AOT par le gestionnaire, qu’il faudrait définir. Bruno Lizé, expert comptable, après la présentation des budgets, a remarqué que les ressources propres de la Réserve naturelle suffisaient à financer la plupart de ses actions. Il a ajouté que le développement des ressources financières de la Réserve sont en adéquation avec son développement et son activité, en constante progression, la Réserve étant le point de départ de nouveaux challenges environnementaux et économiques, à la hauteur de ses ambitions.

College students from Mont des Accords at Tintamare
Les collégiens du Mont des Accords à Tintamare

Dans le respect de l’axe «communication et éducation environnementale» inscrit à son plan de gestion, la Réserve poursuit son programme d’actions dans les établissements scolaires. La quatrième pilote étudiant le tourisme au collège de Quartier d’Orléans a été particulièrement gâtée. Après une première présentation assurée par Romain Renoux et Daniel Lewis dans leur classe, ces élèves ont pu renforcer leurs connaissances et découvrir la Réserve au cours de deux sorties sur le terrain. La première a eu lieu le 23 mai entre l’étang de la Barrière et le sentier des Froussards et a donné à ces jeunes la possibilité de percevoir d’un oeil neuf les étangs et la zone littorale de leur île. La seconde sortie, le 6 juin, a pris des allures de vacances avec une sortie sur le catamaran à moteur Scoobicat. Cette excursion a été pour eux l’occasion d’admirer Saint- Martin depuis la mer, de découvrir les îlots du Rocher Créole, de Tintamare et de Pinel, mais également d’être sensibilisés à l’intérêt touristique de ces magnifiques zones naturelles. Une autre classe, dans le cadre du programme de réussite éducative du collège Mont des Accords cette fois, a eu la chance d’embarquer sur le Scoobicat pour une excursion en mer, le 16 mai. La petite croisière a emmené les élèves autour du Rocher Créole puis de Pinel et s’est terminée par un grand bain sur la plage de la baie Blanche, à Tintamare.

On se souvient des magnifiques photos publiées dans ce journal de plusieurs des 818 espèces de crustacés, d’échinodermes et de mollusques identifiées dans les eaux de la Réserve en avril 2012. Afin d’en faire bénéficier le plus large public, la Réserve organise une exposition itinérante, constituée d’une quinzaine d’affiches et d’un grand triptyque récapitulant les résultats de la mission. L’exposition sera visible dans les écoles, mais aussi dans les lieux publics les plus divers ainsi que lors d’événements rassemblant du public. À noter : TeMeUm finance le projet, dans le cadre de l’éducation à l’environnement.

An educational field trip to Cactus Place
Sortie pédagogique à Cactus Place

Le 26 mai, les gardes de la Réserve ont assuré une visite guidée pour une dizaine d’élèves scolarisés en classe ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) du collège de Quartier d’Orléans et les ont emmenés jusqu’à Cactus Place, en bordure du chemin des Froussards. Les collégiens ont bénéficié d’une présentation générale des écosystèmes de la Réserve et savent tout aujourd’hui du Melocactus intortus - dit «Têt à l’anglais» - espèce protégée qui abonde dans la forêt sèche.

Un avant-goût de vacances au Galion

Le 16 juin, les élèves de deux classes de CM1 de l’école Élie Gibbs ont eu un avant-goût de vacances champêtres à l’occasion d’une sortie pédagogique sur le site du Galion, à l’initiative d’Adeline Arnaud, enseignante dans l’établissement. Comme ils en ont l’habitude, les gardes ont sensibilisé ces enfants à la protection de l’environnement naturel et leur ont présenté les écosystèmes présents sur le site.

L’optimisation des moyens pour assurer la qualité des missions

Territorial Chief of Police on the Reserve’s boat
Le chef de la police territoriale sur le bateau de la Réserve

Après avoir reçu le 7 mars le nouveau chef de la police territoriale, Albert Conner, la Réserve naturelle a accueilli deux agents de cette même police, Albert Minville et Franklin Flanders. Récemment commissionnés police de la nature après un stage en Guadeloupe, les deux hommes devaient effectuer un stage pratique en Réserve naturelle afin de se familiariser aux missions de surveillance, aux techniques d’interpellation et d’une manière générale à tous les aspects de la police de l’environnement. Ce qu’ils ont fait avec beaucoup d’intérêt pendant une semaine, du 10 au 17 juin.

Le renforcement de l’intégration régionale

15 territories affected by the project BEST
15 territoires concernées par le projet BEST

Annoncé dans la précédente édition de ce journal, le projet BEST avance à grands pas. Rappelons qu’il s’agit pour l’Union européenne de renforcer la conservation durable de la biodiversité exceptionnelle de ses 34 territoires ultramarins et notamment de ses 15 territoires insulaires dans la Caraïbe, qu’ils soient français, néerlandais ou britanniques. L’idée est d’établir un état des lieux de la biodiversité et de ses enjeux en terme de conservation dans chacun de ces territoires, et de garantir les financements pérennes qui leur font souvent défaut aujourd’hui. En coopération avec l’IUCN (International Union for Conservation of Nature) et le CAR-SPAW (Centre d’activités régional pour les espèces et les espaces spécialement protégés de la Caraïbe), basé en Guadeloupe, la Réserve naturelle de Saint-Martin joue un rôle déterminant dans le projet, puisqu’elle va coordonner la plateforme – le «hub» – constitué par tous ces territoires. Cette mission a été confiée à Romain Renoux, en charge du pôle coopération régionale à la Réserve, en collaboration avec Amandine Vaslet, salariée du CAR-SPAW, dans le cadre de la convention liant la Réserve à ce centre. Accueillie et basée pour deux ans jusqu’en juin 2016 au sein de la Réserve, Amandine a réalisé une thèse à l’Université Antilles-Guyane de Guadeloupe sur l’écologie des poissons dans les mangroves et les herbiers. Elle s’attache aujourd’hui à prendre contact avec les acteurs locaux dans les îles concernées, afin de réaliser une note de synthèse sur les différents profils d’écosystèmes et d’identifier les priorités d’action propres à chaque territoire. Tout ce travail va se réaliser en concertation avec les réseaux et institutions locales de chaque contrée et sera partagé au fur et à mesure de son avancement. Des rencontres sont prévues et le rapport final, rédigé en anglais, servira de base de données à l’Union européenne avant de lancer les actions destinées à préserver durablement son environnement écologique dans la Caraïbe européenne… et à les financer

À Saint-Martin, Romain Renoux et Amandine Vaslet ont présenté le projet à Alex Richards, le responsable des fonds européens et de la coopération régionale. En Guadeloupe, ils ont déjà consulté le Parc national, la Direction de l’environnement, le Conseil régional et l’antenne Antilles de l’Agence des aires marines protégées.

Les zones à risque pour les mammifères marins dans la Caraïbe
Les zones à risque pour les mammifères marins dans la Caraïbe

Les grands mammifères marins ne connaissent pas les frontières et traversent dans leur longue migration au travers de la Caraïbe des aires marines où leur protection est plus ou moins bien assurée, voire pas du tout.
L’idéal, pour une meilleure protection des espèces, serait que la préservation de ces grands animaux soit assurée entre les différents territoires qu’ils fréquentent, au travers de scenarii de gestion harmonisés.

C’est ainsi que, du 23 au 25 avril 2014, à San Juan, le projet Life Web, organisé par le CAR-SPAW, le programme environnemental des Nations-Unies et le gouvernement de Porto Rico, a réuni des experts venus de nombreuses régions concernées par ces grands animaux. Romain Renoux, qui représentait Saint-Martin et le sanctuaire Agoa, a été élu président de l’assemblée.
Il a travaillé sur la définition de programmes pour une protection concertée des mammifères marins, aux côtés de représentants venus de Trinidad et Tobago, Grenade, La Barbade, Sainte-Lucie, Guadeloupe, Antigua et Barbuda, Saint-Kitts et Nevis, Antilles néerlandaises, Îles Vierges britanniques et américaines, Porto Rico, République Dominicaine, Jamaïque, Costa Rica, mais aussi de Boston et du Canada, zones fréquentées par ces grands mammifères en été.
La réunion s’est close positivement, dans la mesure où la protection des mammifères marins évolue dans le bon sens dans la Caraïbe, de plus en plus de territoires ayant pris conscience de la nécessité de les préserver. Des propositions concrètes ont été émises, comme la création de sanctuaires ou la réduction des impacts de l’activité humaine (bruits, pollution, pêche…). Reste aujourd’hui pour toutes les nations évoquées à faire vivre ces propositions en les mettant en action dans leurs eaux territoriales.

Participants at the «Invasive Species» workshop
Les participants à l’atelier «Espèces invasives»

Les stratégies de gestion des espèces exotiques envahissantes ont été l’objet d’un atelier organisé par la Réserve naturelle, du 12 au 14 mai dernier à l’hôtel Mercure. Les Marine Parks de Saba et de Saint-Eustache étaient là, aux côtés de la Réserve naturelle de Petite-Terre, le National Park de Bonaire, le Marine and Terrestrial Park d’Anguilla, le ministère de l’environnement d’Anguilla, l’ONCFS de Guadeloupe, ainsi que la très british Royal Society for the Protection of Birds (RSPB). Les deux premières journées ont été consacrées au partage des expériences, avec la présentation des différentes actions d’éradication et de contrôle des espèces invasives rencontrées dans chaque territoire. Anguilla, seule île ayant réussi à éradiquer tous les rats qui avaient envahi Dog Island grâce à un vaste et coûteux programme d’appâts empoisonnés, a été chaudement félicité, la lutte contre les espèces invasives étant un défi pour tous. Bonaire, comme Saint-Martin (lire pages 12 et 13), est confrontée à l’invasion de la plante sous-marine Halophila stipulacea. L’ONCFS de Guadeloupe, pour sa part, constate une multiplication d’iguanes verts, pendant que Saint-Eustache lutte contre les rats et les achatines, lorsque les chèvres qui raffolent des orchidées lui en laissent le temps.

La troisième journée s’est déroulée sur le terrain, à Tintamare, où la Réserve a fait une démonstration de sa méthode d’éradication des rongeurs, qui avait permis de piéger puis de tuer 211 rats et 79 souris en mars 2013.

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